Pas trés loin de Toulouse, au milieu des vignes d'à côté de Fronton, traîne un Lutin. Le Lutin, frais, souriant, "on vibes". Là, dans son abri, derrière une chaleureuse maison, il fait vibrer les beats de sa jungle aléatoire. Il répond avec insouciance à nos questions.

D'où vient ton goût pour la musique?
Heu..., je crois que j'ai toujours eu une fibre. J'ai commencé à acheter des disques quand j'ai attaqué le skate. A fond sur le hip-hop avec des mecs comme Public Enemy, sur le reggae et le ragga. Puis, j'ai pris une baffe. En 1993, à Brixton, le quartier jamaïcain de Londres, j'ai découvert la jungle. Une puissance se dégageait du beat mélangé à des samples ragga. Cette musique me parut difficile mais largement attractive. j'ai pompé des radios pirates sur cassettes, que j'ai commencé à digérer en rentrant en France.

Tu touchais déjà aux platines?
Je trainais déjà dans les free, les squatts de ravers et je mixais de temps à autres. J'ai décidé d'attaquer sérieusement avec la jungle. A l'époque les mecs prenaient ça pour de la musique d'alien, j'avais plutôt tendance à vider le dance-floor. je tapais l'incruste vers six, sept heurs du matin, balançais mes skeuds, faisais disparaître les trois quarts de la salle... De plus en plus de gens ont fini par rester, accrochés à la jungle et moi à mes platines. Tranquille.

Tu as inondé Toulouse aprés ça?
D'abord dans des apparts, puis j'ai fini par squatter les ondes de radio FMR, où on a parfois mixé des nuits entières. Grâce à Bunny Dread et à la "Torpille", on a pu progressivement organiser des soirées drum&bass. C'est aussi là que j'ai rencontré Kush qui venait s'entraîner, Brooks, Sti, et plus tard Peyo. On a crée le collectif Dragon Kru pour organiser de nouvelles soirées.

Tu prends toujours le même pied à mixer?
Oui carrément! Mais je mixe de moins en moins... Je ne bosse plus mes disques comme je le faisais auparavant. D'une part, maintenant je sens mieux les platines, d'autre part lorsque j'ai joué un disque plus de quatre fois, je m'en lasse. Je bosse sur des machines chez moi, j'ai déjà sorti des maxis, j'adore bidouiller ma musique, écouter les trucs que je ramène chaque mois d'Angleterre, mais rien ne vaut un bon live.

Tu suis la scène toulousaine?
Au niveau des productions, c'est à la hausse donc c'est bon signe. C'est la pénurie de MC's comme d'habitude;Il y a de plus en plus de DJ's (Electrolux, Fricky Flow, Red Eyes) qui sont bons, et y'a trois ou quatre crews de junglists qui écument la place. ce qu'ils font "arrache" mais je trouve que les jeunes sont trop ciblés. Les anciens ont un mix plus ouvert parce que plus "roots".

Ton avenir?
Toujours de la drum&bass qui n'arrête pas de bouger avec des productions brésiliennes époustouflantes en ce moment. du live et encore du live. peut-être sortir quelques trucs, jouer avec des machines et des instruments  sur scène, l'energie qui s'en dégage est fabuleuse. Et surtout, c'est ma prédiction, le son passera par un sound system c'est ce qui manque cruellement en France. Du bon son pour de la bonne vibe.

Interview accordée à françois BESSON en juillet dernier.